Mon roman s’intitule Isulka la Mageresse et donc forcément,
il aborde la thématique de la magie. J’utilise deux paradigmes de magies qui
ont peu à voir. L’un est extrêmement voyant et facile d’accès et pourrait être
sorti d’un comics book ou d’un livre pour enfants, alors que l’autre est
beaucoup plus ésotérique et travaillé.
La magie d’Isulka
Isulka, le personnage
principal, est celle par laquelle on aborde le thème de la magie, car elle-même
pratiquante des arts occultes. Elle use d’une magie très simple, à savoir celle
du feu. Quand elle claque des doigts, elle fait jaillir des boules de feu et ce
sont là des pouvoirs instinctifs plus que appris.
On est dans un
concept qui est très fantasy et en décalage avec la réalité. C’est du classique
Hollywood, usité jusque la moelle. J’ai choisi quelque chose d’aussi simpliste,
je l’avoue, pour le plaisir. Cela me permet d’écrire des scènes brûlantes et
impressionnantes, qui vont bien avec le tempérament du personnage, mais qui
feront arquer les sourcils des amateurs de Wicca ou d’hermétisme.
Je n’en abuse pas
trop cependant et il n’y a que peu de conflits qui se résolvent de la sorte.
Cela fait partie du personnage, mais ça ne définit pas le personnage. Je n’aime
pas lorsque dans des récits tout se résout par magie et si elle est utile à
Isulka par moment, c’est loin d’être une solution miracle et ne fait jamais
office de Deus Ex Machina. Jamais l’héroïne n’apparait comme toute puissante et
il n’y a pas (trop) de surenchère.
La magie égyptienne
Un autre paradigme
qui est présent nous provient des égyptiens et, s’il y a quelques moments
plutôt visuels et quelques aberrations pour des amateurs d’occultisme, le cœur
de cette magie est beaucoup plus proche de la réalité de l’époque et relève
davantage du fantastique que de la fantasy.
Il ne suffit plus de
claquer des doigts, car la magie est ici ritualisée et formalisée.
Historiquement (je dis historiquement car à l’époque ils y croyaient), les
égyptiens lançaient leurs sortilèges notamment en écrivant sur des papyrus. Ils
commençaient par conter des histoires ayant attrait à leurs dieux, avant de
mentionner ce qu’ils voulaient (en général du mal à quelqu’un). Le texte
pouvait alors être passé dans un récipient d’eau, ce qui donnait le pouvoir du
sortilège au liquide, qu’il fallait ensuite boire ou utiliser. Plus cruel, ils
allaient également trouver des corps enterrés et ils les exhumaient pour leur
mettre le papyrus dans la bouche ou entre les doigts, ce afin de mettre en
colère l’esprit du défunt qui s’attaquerait ensuite à la cible du sort.
Certains sortilèges
se rapprochaient également du vaudou.
On le sent tout de
suite, c’est une magie beaucoup plus crédible et elle était pratiquée par les
prêtres antiques. Je ne connaissais que peu cet aspect avant d’écrire mon livre
et c’est un sujet que j’ai trouvé très intéressant, bien que les sources soient
limitées. On comprend assez facilement tous les mouvements d’accros à
l’égyptologie et à ses mystères qui ont suivi les découvertes archéologiques du
19ème siècle.
La confrontation entre les deux mondes se fait donc
également sur ce côté mystique, où Isulka représente un occident improbable,
héritière des Gandalf et Harry Potter, tandis que les égyptiens sont eux ancrés
dans les légendes antiques et représentent un orient mystique et mystérieux.
Une des sources que j'ai utilisées:
Dorian Lake
3 commentaires:
Du coup, est-ce que tu expliques d'où vient la magie dans ton monde ou est-ce que c'est un fait, il y a de la magie et c'est tout ? Et est-ce que d'autres magiciens possèdent la même magie qu'Isulka ?
Non, j'ai préféré ne pas donner d'explication . Je trouve que le fantastique a plus de force quand il reste du mystère.
Pour donner un exemple, je vais citer une de mes auteures préférées, Anne Rice. Dans le premier de ses livres sur les vampires, Louis cherche pourquoi il a été transformé, la source de tous ses maux et une raison d'être. Il veut rencontrer d'autres vampires qui pourront lui donner des explications, un sens. Mais jamais cette raison ne parvient à lui et il reste dans le doute, tout comme le lecteur. Est-ce une malédiction? Est-ce religieux? Peut-on y échapper? C'est ce qui rend le personnage si tragique, de ne pas savoir.
Dans la suite des chroniques, la source devient connue et pour tout dire, cela ne m'a pas vraiment captivé. J'aurais préféré être laissé dans le doute que d'avoir cette réponse définitive et absolue, que j'ai trouvé bien mais sans plus.
Je pense que la magie, comme elle est pratiquée dans notre monde (car elle est pratiquée, la seule question étant de savoir si elle a des résultats) est variée et très riche culturellement parlant. La magie de la Kabbale juive est différente de celle des totems amérindiens et les deux sont passionnantes. Dans mon monde, j'ai voulu garder cette richesse et ne pas fermer de portes. J'ai juste mis quelques touches personnelles.
Quant à savoir si d'autres magiciens sont comme Isulka, la réponse est oui, probablement. Isulka n'est pas une héroïne, une élue ou unique. Elle est unique, bien sûr, mais en tant qu'être humain, pas par la destinée (bien que pas mal de trucs n'arrivent qu'à elle...). Du coup elle ne connait personne qui possède une magie aussi instinctive que la sienne et peut-être qu'elle n'en rencontrera jamais, mais ce n'est pas comme le thème de l'élue que j'ai choisi.
Sujet passionnant, la magie égyptienne est fascinante. C’est curieux, elle ressemble un peu à celle que l’on pratique dans les rituels tibétains. Je te rejoins sur Anne Rice, j’ai adoré « Lestat le vampire » , encore plus qu’ « Entretien avec un vampire », mais ensuite je trouve que « la Reine des Damnés » est un peu moins abouti que les volets précédents.
Enregistrer un commentaire