Chaque auteur fonctionne différemment pour écrire un roman. Beaucoup commencent par la fin, certains font des plans détaillés, d’autres non. Le premier jet est parfois écrit au kilomètre, parfois déjà travaillé.
Pour ma part, voici les grandes étapes de création de l’intrigue et de rédaction :
Pour ma part, voici les grandes étapes de création de l’intrigue et de rédaction :
0 Réflexion
Qu’est-ce que je veux faire ? Quel thème ? Des idées brutes ?
Cette phase peut prendre 1 heure comme 1 mois, c’est très variable.
Cette phase peut prendre 1 heure comme 1 mois, c’est très variable.
1 Les personnages
En premier lieu, il me fait choisir les personnages que j’utiliserai pour mon roman. Sans cela, j’aurai du mal à avancer et je serai incapable de créer ne serait-ce qu’une idée basique de ce que je veux faire. Par « personnages » j’entends aussi bien mes protagonistes que mes antagonistes, qui sont tout autant important.
Cela ne veut pas dire que je crée tous mes personnages à cet instant ou qu’ils sont complets. Mais il m’en faut tout de même quelques-uns, les principaux. Pour Isulka la Mageresse, j’avais bien entendu Isulka et Scipione, les deux protagonistes, mais également leur employeur et le garde du corps de celui-ci. Enfin, les ennemis de Scipione étaient clairs dès le début.
Les égyptiens étaient déjà là aussi, mais ils ont pris leur personnalité au fil de l’écriture. Au début je n’avais qu’une vague entité ennemie qui a pris forme avec le temps, ce qui a fonctionné plutôt bien au final. Leur rôle, cependant, existait depuis le début.
Enfin, je ne fais pas de fiches de personnages. Peut-être que je devrais, mais vu que mes personnages principaux proviennent en général de jeu de rôle et que donc je les connais intimement, je n’en ai pas besoin. Au pire, si un jour je devais faire une fiche, ce serait d’un jeu de rôle, justement.
2 Les lieux
Un peu en parallèle des personnages, je détermine où se jouera l’intrigue. Le où me permet de vraiment la situer et me donne une situation, une ambiance, une atmosphère et des événements.
J’inclus l’époque dans ce choix du lieu, pour des questions de praticité. Paris au XXIe siècle et Paris au XVe n’auront que peu à voir, c’est évident.
Ce où n’a pas besoin d’être exhaustif pour autant, juste suffisant. Je n’avais par exemple pas prévu dès le début que l’Egypte entrerait dans mon roman, mais elle est venue naturellement. Le côté parisien, par contre, était clair et net et m’a beaucoup aidé à créer l’intrigue.
En littérature, il est souvent question de 3 Actes : la mise en situation, les péripéties et le climax. Structurer l’histoire en 3 blocs dès le début m’aide pour une question de rythme. J’écris donc sur mon Word ces actes et je brouillonne à l’intérieur, jusqu’à avoir un squelette.
Cela me permet de me poser des questions sur la cohérence du récit. Dès que je comprends l’histoire avec mes trois actes, même grossièrement, je sais que je suis sur la bonne voie et je peux continuer.
Avant, dans le temps, j’essayais toujours d’écrire sans savoir où j’allais, pour me surprendre moi-même. Si cela fonctionne avec certains, pour moi c’est peine perdu. Il me faut ma structure à l’avance. Mais ce n’est pas pour cela qu’elle est figée et définitive : je reste flexible et l’écriture pourra me la faire changer ultérieurement
J’essaye de faire un résumé chapitre par chapitre. Comme, pour le moment, j’utilise deux points de vue, cela est primordial pour répartir les interactions et le « temps de parole » de mes protagonistes.
Je détermine également le rythme, en alternant les types de scènes à ce moment et en veillant à ce que le ventre du livre (l’acte 2 donc) ne soit pas celui qui ennuie, comme ça peut être le cas parfois. J’affine également mon intrigue et vois les incohérences. C’est à ce moment que je pourrai modifier le rôle d’un personnage, par exemple.
Je m’applique particulièrement pour la première moitié de l’intrigue, car je sais que la seconde risque de changer un peu, même si je me force à y mettre les grandes lignes.
C’est seulement à ce moment que commence l’écriture proprement dite. Les étapes ci-dessus peuvent prendre peu de temps ou au contraire beaucoup, selon l’inspiration, mais je n’écrirai pas une ligne avant que ce processus soit terminé.
Pour mon premier jet, je n’écris pas au kilomètre. Je fais chaque chapitre avec soin, le relisant quand c’est fini une ou plusieurs fois et je fais attention à la forme. Je suis incapable de simplement avancer sans me retourner, non seulement car ce serait démoralisant de devoir tout reprendre par la suite et aussi parce que j’aime relire quelque chose de propre, même si c’est encore loin d’être fini.
Cette façon de faire est peu conseillée et la plupart des auteurs procèdent autrement, donc peut-être ai-je tort et ne devrais-je pas m’y prendre de la sorte.
Le plan que j’avais prévu aux étapes 4 et 5 est à présent faux. Les personnages n’ont pas réagi comme je l’avais initialement pensé, certains ont trahi au lieu de rester alliés ou ennemis, certains ont faibli et au contraire certaines relation se sont faîtes plus fortes que prévu.
De fait, mes actes et mes chapitres doivent changer pour s’en accommoder et c’est en général là que la fin du récit se détermine pour moi. Oui, à l’inverse encore d’autres auteurs, je n’écris pas la fin à l’avance. J’ai certains éléments qui restent définis, bien sûr, mais elle se dessine et prend forme avec le temps.
C’est un moment délicat car je dois veiller à ce que tout reste cohérent. Comme mes intrigues sont simples, ce n’est pas très difficile, mais mieux vaut y prendre garde car la plus petite incohérence sera relevée par le lecteur ou l’éditeur.
Moment de torture.
Tout relire, au moins deux fois et corriger l’orthographe, la syntaxe et la forme. A ce moment, je suis heureux d’avoir déjà corrigé une ou deux fois chaque chapitre lors de l’écriture initiale
8 Bêta-lecture
Je demande à quelqu’un, que je connais mais qui ne m’épargnera pas par affection, de tout lire et de surligner mon texte avec un code couleur.
Exemples :
- Rouge faute de français
- Orange incompréhension
- Jaune style ou maladresse
- Vert quand c’est un passage qui plait
Du coup, je repasse ensuite sur tous les points et je corrige les passages surlignés, en me rapprochant de la personne qui a bien voulu m’aider pour avoir les détails.
Un site super pour trouver des bêta-lecteurs, si vous écrivez dans un genre de l'imaginaire: CoCyclics
Re-moment de torture.
J’ai déjà tout corrigé, vu dans le détail avec mon ou mes bêta-lecteurs et je reprends la correction une dernière fois, du début à la fin, en veillant aussi bien au sens qu’à la forme.
Je n’imagine pas le travail pour ceux qui font des trilogies complexes où les incohérences peuvent se glisser avec aisance dans chaque petit bout de coin de page. Je comprends pourquoi un George Martin ne sort ses bouquins qu’à un rythme cruellement lent.
Et bien oui, comme je n’avais pas compris la différence entre un tiret du 6 et un tiret cadratin et que les sauts de page ne me parlaient pas plus que cela, il a fallu tout reprendre et mettre en page. Un autre grand moment de plaisir.
On ne se rend pas compte du nombre de tirets avant de devoir les remplacer un par un…
Après ce moment, j’écris le mot « fin ».
Mon texte pourrait encore être corrigé, sûrement une quinzaine de fois. Mais je me force à mettre un terme à l’écriture et à me dire que le travail est fini. Sans ça, je pourrai continuer Ad Vitam Aeternam sans jamais être pleinement satisfait du résultat. Autant garder mon énergie pour la suite et faire un second roman encore meilleur.
Dorian Lake
4 commentaires:
Intéressant, tu es donc plus "architecte" que "jardinier", tu travailles avec un synopsis plutôt qu'en improvisant. Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise méthode, c'est bien que tu saches comment tu fonctionnes ! Je suis d'accord avec l'idée qu'une trilogie n'est pas la meilleure façon de commencer... Plus jamais de trilogie en ce qui me concerne ! :D
Je me suis effectivement rendu compte récemment que préparer était mieux pour moi, même si mon plan de départ bouge pas mal entre l'avant-écriture et le après.
De ton côté, tu t'y prends comment? Un peu de préparation, beaucoup, pas du tout?
Je suis également un architecte, je travaille avec un synopsis de travail très détaillé. J’aime bien savoir comment va finir mon histoire, et aussi ce qui se passe au milieu : généralement j’utilise un climax pour éviter le syndrome du ventre mou.
Moi, j'avais plutôt tendance à écrire à l’instinct, mais en ce moment, j'essaye de planifier un peu. On verra bien ce que cela donne. En tout cas, ton article est très intéressant.
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