mercredi 23 mars 2016 | By: Morgane Stankiewiez

Ecrire de la Science-Fiction Crédible ? Pas Si Simple...

La Science-Fiction est un de mes gens préférés, que ce soit du space-opera, du cyberpunk, du post-apocalyptique ou même de l’anticipation.

Je suis également passionné par le futurisme et le transhumanisme et fais souvent l’exercice de me projeter et d’imaginer les conséquences de telle ou telle évolution dans les années à venir.

Pourtant, si c’est là un genre que j’adore, je me rends compte que j’ai énormément de difficultés à en écrire. J’ai déjà essayé et ça n’a jamais été convenable, en tout cas sur les éléments de SF purs.

J’y ai réfléchi et je me rends compte que cette difficulté tient de la complexité du monde d’aujourd’hui. Je pense qu’il était beaucoup plus facile d’en écrire dans les années 60 à 90, parce que le monde semblait plus simple. La guerre froide offrait finalement un contexte binaire, les technologies modernes étaient encore à l’état de concept et la réalité ne dépassait pas encore la fiction.

Mais pour faire de la SF cohérente et crédible (je ne parle pas ici de certains genres qui s’éloignent volontairement de la réalité), il faut au final maîtriser et travailler beaucoup d’éléments qui n’ont pas grand-chose à voir les uns avec les autres tout en étant interconnectés.

Je vais essayer de lister, assez simplement, les grandes sphères pour faire de la SF réaliste et ainsi démontrer pourquoi il est incroyablement complexe d’en faire aujourd’hui.

Informatique

Là on touche au domaine du cyberpunk, mais pas que. L’informatique est quelque part l’aspect le plus simple que je perçois dans l’évolution potentielle de notre monde actuel. C’est pour dire.

Nous allons vers une miniaturisation constante des éléments hardware et vers une grande importance du cloud computing. Lorsque les technologies de réseau seront bien implantées et permettront une connexion haut-débit constante, le hardware deviendra beaucoup moins important, si ce n’est complétement superflu.

Rajoutons à cela le développement de la réalité virtuelle et les impacts sont nombreux. Mais à quel point ce développement va-t-il vraiment prendre avec le grand public ? Est-ce que nous arriverons un jour à être plongés dans un univers virtuel avec tous nos sens et pas seulement un casque ? Quels seront les impacts sur la sphère du travail ?

Et la réalité augmentée ? Et l’Internet des objets, quand chaque objet de la maison mais aussi de la sphère publique sera reliée à des serveurs, donnant des informations en temps réel et permettant des interactions virtuelles ?

Autre point, mais cette fois je n’y comprends rien, donc je ne vais pas m’étendre sur la question, mais à priori les investissements sont énormes et le potentiel tout autant. Petit extrait de wiki :

« La fabrication d'un "ordinateur quantique" nécessiterait l'utilisation de techniques que l'on commence à peine à maîtriser pour certaines. Les circuits de calcul quantique sont dans les modèles théoriques actuels utilisés par un programme d'ordinateur classique et font qu'on parle plutôt de circuit de calcul quantique, sorte de périphérique de calcul rapide. Il s'agit pour le reste d'algorithmes classiques utilisant des circuits de calcul quantique et non (en tout cas pour le moment, 2009) d'«algorithmes quantiques». »

Déjà ça devient un poil plus compliqué à imaginer et donc à décrire. Et ça demande pas mal de recherches dans le domaine, juste pour ne pas dire des bêtises.

Les IA :

Je sépare volontairement ce point du précédent car c’est autrement plus complexe (en tout cas que l’informatique classique, on oublie le mot quantique là). J’ai lu, je ne sais plus où, que la loi de Moore n’était plus totalement d’actualité. En gros, cette loi stipulait que le nombre de transistors dans un circuit imprimé est doublé tous les deux ans et qu’en gros, les technologies de l’information deviennent plus performantes de manière exponentielle. Je vous invite à lire l’article wikipedia, car c’est assez délicat à résumer.

Mais, si l’amélioration exponentielle du hardware ralentit, celle du software est le nouveau cheval de bataille de l’industrie et cela passe par l’intelligence artificielle.

Ici, je ne parle pas d’intelligence forte ou qui aurait une conscience, mais de programmes spécialisés qui parviennent à apprendre et à évoluer. On parle de Deep Learning. L’exemple d’AlphaGO est parlant, car l’humain a été dépassé à l’un des jeux de société les plus complexes et les plus abstraits qui existent.

Extrapolons deux minutes :

Quel sera l’impact quand ces programmes s’attaqueront non plus à des jeux de société, mais à des tâches dans le cadre de l’entreprise ? Si une IA en 2016 est plus performante sur une tâche aussi complexe que le Go, on peut imaginer que d’ici quelques années seulement, elle sera à même de remplacer des salariés en col blanc, même qualifiés ou très qualifiés. Le premier impact visible sera sur l’emploi, car si jusque-là la théorie disait qu’une destruction d’emplois en créait de nouveau, je ne suis pas certain que cela s’applique à cette échelle.

D’autres questions en découlent : comment seront considérés ces IAs ? Quel sera l’impact sur la robotique et, par exemple, la façon de faire la guerre (le gouvernement US y injecte des milliards d’euros…) ? Ou de conduire ?

Certaines estimations tablent que dans 20 ans, plus personne ne conduira un véhicule. C’est le sommet de l’iceberg et les conséquences sont difficiles à percevoir aujourd’hui.

Et je ne parle même pas ici de la singularité. Est-ce que les IA pourront devenir des êtres doués d’une conscience ? Et est-ce que, via les mêmes technologies, l’esprit humain deviendra numérisable, c’est-à-dire sous forme de software et que l’on pourra se défaire de nos corps pour vivre de manière virtuelle ou prendre possession de corps synthétiques ? Les spécialistes avancent que ce serait de l’ordre du possible sous 30 ans. Ça reste optimiste et nous n’en sommes pas sûr, mais ce serait du vivant de la plupart de mes lecteurs en tout cas.

Quel serait l’acceptation par la population des pays riches ? Et celle des pays pauvres?

L’économie :


Aujourd’hui en France, on entend parler du chômage et les politiques cherchent à embrayer cela à tout prix.

Mais on vient de parler de l’IA et par exemple de la conduite. Est-ce que ce sera vrai pour tous les transports ? La logistique sera-t-elle aussi entièrement automatisée ?

Pareil pour les systèmes financiers et bancaires, est-ce que le métier existera encore dans seulement 20 ans ?

Je me demande, et ça n’engage que moi, si la plupart des métiers ne seront pas de fait remplacés par la machine à terme. Et ce sans même parler de machine consciente ou vraiment sophistiquée. Juste spécialisée et adaptable.

Mais, là on reste sur du local européen. La Chine est censée devenir la première puissance économique, avant de se faire elle-même dépasser par l’Inde. On a vu que l’arrivée de la Chine dans le top 2 des PIB n’a pas eu d’énorme impact culturel et que finalement, cela s’est révélé plus une source de revenu et de business que de danger pour l’économie occidentale.

Enfin, on en entend peu parler, mais l’état financier de la Chine se dégrade de jour en jour. Étonnamment ça ne fait jamais la une, mais des crises économiques comme 1929 sont à nos portes.

Extrait de Libération : La Chine, que beaucoup présentaient comme le sauveur de la croissance mondiale, serait en passe de devenir la zone du monde la plus instable économiquement.

Outch...






Et puis, si la main d’œuvre humaine n’est plus utile, quel impact pour les pays dits en développement ?

A partir de là et pour rester dans le domaine de la SF : comment se projeter ? Les analystes, les économistes, les « experts » se plantent sans arrêt et sont incapables de nous présenter la situation dans un an. Comment imaginer celle dans dix ou cinquante ans ?

Et là encore les nouvelles technologies auront leur mot à dire : que se passera-t-il après le pétrole ?  Quels seront les répercussions sur les économies américaines, russes, moyen-orientales ? Solaire ? Nucléaire ?

Est-ce qu’un nouveau modèle économique pourra émerger ? On parle aujourd’hui de plus en plus d’un revenu universel, pour pallier au chômage et à la disparition, plus ou moins rapide, de l’emploi et du travail. En tout cas en occident, mais une fois encore, comment transposer ça dans le monde ?

Et puis, le clivage riche/pauvre. On parle beaucoup de technologies dans cet article, mais qui y aura accès ? Est-ce que l’argent gardera sa forme actuelle ? Quelles seront les conséquences sociales ou sur le monde politique ?

Bref, en tant qu’auteur je peux prendre des décisions : krach en tel année, voilà les répercussions. Mais le puis-je tout en demeurant crédible et en prenant une échelle raisonnable ?

Personne, aujourd’hui, n’en est capable à mon avis. Ou alors il faut simplifier à outrance…

Géo-politique :


On parle de 1929, de crises… Comment ne pas mentionner les conséquences de cette crise justement, qui a mené à la seconde guerre mondiale ?

Oui, une crise, ça a des répercussions. Sauf qu’aujourd’hui, plus que jamais, les intérêts sont complexes et se complexifient. Je mets au défi quiconque de m’expliquer de manière simple la guerre en Syrie.

Nous avons eu, au 20è siècle, 2 guerres mondiales qui ont vu l’émergence de deux superpuissances, l’URSS et les USA. Pendant quarante ans, une grande partie de la géopolitique était une guerre d’influences, où les batailles se jouaient entre des tiers.

Quand j’apprenais la géo, on était juste sortis de ce côté bipolaire pour avoir une super puissance, les USA. C’était « facile ».

Mais le monde n’est plus aussi simple (et c’était déjà pas si évident que ça à comprendre). La Russie revient sur le plan international, l’Europe est en crise, le Moyen-Orient est en feu, L’Asie se militarise (même le Japon) et se prépare à des conflits.

Voici le top 10 en 2015 des dépenses militaires par pays, selon Wiki :

1 USA

2 Chine

3 Arabie Saoudite

4 GB

5 Russie

6 Inde

7 Japon

8 Allemagne

9 Corée du Sud

10 France

Et rajoutant une petite mise en perspective avec le budget alloué à la défense en fonction du Produit Intérieur Brut:


Intéressant n’est-ce pas ?

Et puis, tout est à double tranchant. L’Europe négocie avec des gouvernements salafistes, pour obtenir leur coopération contre des groupes salafistes. Le terrorisme est à deux doigts de nous pousser dans des états policiers, chose inimaginable il y a encore quelques années. Sans compter les migration de réfugiés de guerre, qui n’avaient pas du tout été prévues en amont et qui ont un violent impact politique.

Et quel sera la réaction du peuple, à tous ces changements ? Si celui-ci se révolte, dans un pays ou un autre, les conséquences sont difficile à imaginer.

Bref, là encore, les experts, les politiciens, les stratégistes n’ont pas les clefs et naviguent à vue. Comment on fait pour imaginer toutes les conséquences et le traduire dans un univers crédible ?

Encore une fois on simplifie, à outrance. On oublie les intérêts de 90% des pays et on se réfugie dans du bipolaire facile. Au mieux, on fait l’effort de rajouter un troisième parti. (Mars versus Terre versus Ceinture, dans The Expanse Universe par exemple).

Le Médical


Autre domaine, autres conséquences. L’évolution des technologies aide énormément dans le milieu médical. Je ne suis pas du tout un expert en la question (même pas un amateur, d’ailleurs), alors je vais me contenter de soulever des problématiques.

- Le cancer est le mal du siècle. Sera-t-il guéri, ou est-ce que cela va empirer ? Et traiter les conséquences de la pollution, sommes-nous sur la bonne voie ?

- Ebola, Zycca, les pandémies… Est-ce que finalement notre beau futur ne se réduira pas à une survie contre les maladies ? The Walking Dead est un futur possible…

- Les mouvements transhumanistes veulent que l’on considère l’âge et la vieillesse comme une maladie. Et j’ai vu, récemment, que par exemple du sang jeune en intraveineuse pouvait faire se régénérer des cellules. Et si on solutionnait la vieillesse ?

- Aujourd’hui, on peut avoir de nouveaux membres, des prothèses pour entendre ou voir, etc… Mais à partir de quand est-ce que la réponse à un handicap deviendra la réponse à un désir ? Quel sera le premier ou la première (sportif ou artiste par exemple) à se faire enlever les jambes volontairement parce que les membres synthétiques sont plus performants ou élégants ? Même question pour les implants neuraux : admettons que l’on booste la mémoire par des implants, par exemple pour soigner Alzheimer, à partir de quand ces boosts seront la norme pour l’être humain ?

Je ne parle même pas de l’impression 3D de cellules vivantes ou de l’opération chirurgicale en réalité virtuelle…



Le Climat

Oh oui, n’oublions pas le climat, à la sortie de la COP21. Donc oui, tout le monde sait que la planète se réchauffe et que nous vivons une extinction massive de la faune.

Montée des eaux ? Dérèglements climatiques ? à quel point les conséquences seront graves pour la planète et l’humanité ?

Autre point, c’est que les catastrophes peuvent survenir n’importe où, n’importe quand. La Californie, l’un des cœurs de l’innovation et de la technologie, est sur une faille qui pourrait détruire San Francisco du jour au lendemain. Le Japon et l’Asie du Sud-Est ne sont pas épargnés et on a vu les conséquences sur Fukushima.

Tiens oui, climat, catastrophe, nucléaire… Tout peut arriver très vite, je ne vous apprends rien.

Maintenant, il existe aussi des super volcans, dont les éruptions pourraient avoir des conséquences aussi graves qu’un astéroïde majeur. Les chances sont très rares (tout comme un astéroïde), mais elles ne sont pas nulles.

Dernière catastrophe à laquelle je pense spontanément, les éruptions solaires. Ça ne va pas nous faire mal directement, mais ça peut juste paralyser l’électronique (dont ce blog dépend, je vous le rappelle !).

Les chances sont rares aussi.

Extrait :

L'étude publiée dans Nature Communications estime que si la tempête de 1859 se produisait aujourd'hui, elle génèrerait 2600 milliards de dollars de dégâts. La super-tempête de juillet 2012 aurait été de cette magnitude.

Donc là aussi, difficile de vraiment imaginer toutes les conséquences. On peut parler de montée des eaux, de pollution, etc. Mais les impacts sur tous les points précédents ?

On voit aujourd’hui les migrations par temps de guerre. Qu’en sera-t-il si des pays disparaissent physiquement ?
L’Espace

La course à l’espace a diminué, après la guerre froide, mais la question se pose toujours autant. Est-ce que l’humanité sera un jour en mesure de voyager dans l’espace ?

C’est une question souvent abordée dans les récits de SF et c’est même la base de beaucoup de romans ou de nouvelles. Aujourd’hui, Mars est toujours dans la ligne de mire, mais pas pour tout de suite et si colonisation un jour il y a, cela prendra encore de nombreuses décennies.

Mais au-delà du voyage et d’une civilisation interstellaire, la question de l’exploitation de l’espace se pose. Certains astéroïdes, par exemple, contiennent en grande quantité des matériaux qui sont d’une grande rareté sur terre. On ne va pas faire la liste, mais imaginez qu’on arrive à mettre un orbite un vulgaire astéroïde pour le miner et qu’il contient autant que toutes les mines du monde réuni (oui, c’est plausible) ?

Pourrait-on, par ce biais, faire disparaitre la notion de rareté ? Notre économie entière est basée sur le fait que les ressources sont épuisables et que donc il faut les répartir. Mais, si l’exploitation de l’espace faisait augmenter exponentiellement les ressources ?

La Religion


En 2016, les religions, que ce soit celle du Livre ou celles venues d’Asie, ont toujours une emprise considérable sur le monde. Les guerres de religion existent encore aujourd’hui et malgré la mondialisation et l’avènement de la science, les croyances sont toujours très répandues.

Oui, l’athéisme augmente, mais on peut encore être emprisonné dans certains pays pour cette absence de croyance. Et l’Eglise perçoit encore des impôts même dans certains pays très proches (coucou l’Allemagne et l’Islande).

Et que dire du fanatisme ou des sectes ?

C’est là que plusieurs autres points évoqués ci-dessus rentrent en compte. Les conditions économiques et sociales ont un impact. La religion est souvent un refuge pour les exclus, ce qui inclut le fanatisme religieux et l’extrémisme.

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Mais les évolutions technologiques ont également un impact. Que dire, si par exemple la médecine trouve le remède à la vieillesse ou que finalement l’esprit humain parvient à transcender le carcan du monde physique pour devenir virtuel ? Est-ce que la réponse à la question « qu’arrive-t-il après la mort ? » relèvera toujours du religieux ?

Sans compter que, en France, nous avons un filtre chrétien dans notre vision de la religion. Mais au Japon par exemple, on peut considérer que les machines ont une âme. Les japonais enterrent déjà leurs robots-animaux comme ils le font pour des animaux de compagnie de chair et d’os.

Que dire lorsque des androïdes, que ce soit des IA fortes ou faibles, viendront sur le marché ? Nous serons encore en train de débattre ici sur leur conscience alors qu’en Asie, on les considérera déjà doués d'une âme. Et l’Asie, on l’a vue, est vouée à devenir la première puissance économique, entre la Chine et l’Inde.

Puis pourquoi pas mentionner des religions pour les machines ? Pour les transhumains ? Ou alors des mouvements pro-humains ? Et les extra-terrestres dans tout cela ?

Beaucoup de questions, peu de réponses définitives.

Conclusion :

La conclusion qui s’impose est qu’il est pratiquement impossible d’imaginer le monde dans dix ans. Mais c’est encore possible de faire des choix en tant qu’auteur, de décider l’issue de tel ou tel conflit ou le destin proche d’une nation.

Si bien que le cyberpunk est déjà compliqué mais possible.

Par contre, se projeter plus loin nécessite une réflexion globale sur un grand nombre de facteurs complexes et c’est ce qui me pose problème aujourd’hui. J’ai lu Ray Kurzei et justement, il propose une évolution possible de la technologie et de notre vie vis-à-vis de celle-ci. Son texte est super intéressant, même s’il faut le prendre avec des pincettes. Mais, tout futuriste qu’il est, il n’aborde pas tous les côtés (et comment le pourrait-il ?) et nous propose un essai, non une base pour créer un univers réaliste et cohérent. Puis, ça ne touche QUE la technologie et le mode de vie, pas vraiment les autres aspects évoqués.

Alors bien sûr, si on se concentre sur les personnages ou sur une intrigue locale, c’est tout de suite plus facile, mais j’ai malgré tout un blocage à ce sujet. Et je trouve que la plupart du temps, la complexité du monde actuel n’est pas correctement retransmise dans la SF (ou je n’ai peut-être pas lu la bonne).

Dernier point et j’arrête : souvent, on nous présente le futur comme une rupture. Paf, un jour on a une nouvelle technologie et tout change. Sauf que dans la vraie vie, il y a un long temps de transition. Les technologies s’imposent petit à petit et sont acceptées petit à petit. Par exemple Internet, qui a révolutionné les systèmes d’information, n’a toujours pas remplacé la télévision ou même les journaux. Des technologies se chevauchent. Et donc quand on crée un univers, il faut penser à ces technologies intermédiaires, toujours existantes ou sur le déclin, même quand une technologie principale arrive. Double travail !

Toutes mes excuses pour le long article, au final j’aurais mieux fait d’écrire une nouvelle !

Vos avis sont les bienvenus, comme toujours.

PS : j’ai sûrement oublié beaucoup de facteurs (je n’ai pas trop parlé de politique, de culture et de sociologie par exemple), mais ils n’auraient fait que confirmer mon argumentaire.
mercredi 16 mars 2016 | By: Morgane Stankiewiez

Devenir Ecrivain pour Devenir Ecrivain

Ces temps-ci, j’ai beaucoup réfléchi à la question de ce qu’est un écrivain et comment il peut espérer atteindre le succès.

 

Pour remettre en perspective, j’ai commencé à écrire à nouveau début 2015, ce qui est encore tout récent, quand on y pense. Pourtant, j’ai écrit un roman qui va être publié, un second qui le sera sûrement, deux nouvelles, un scenario de court-métrage et un récit sur Wattpad qui est aujourd’hui aussi long qu’un roman.

Au-delà de la quantité, j’ai un succès totalement inattendu sur Wattpad, où ma fiction marche mieux que dans mes meilleures espérances. Ce blog marche plutôt bien aussi, ce qui me surprend toujours autant. Sans compter que j’ai récemment accepté de co-diriger la collection Fantasy de Lune Ecarlate et de diriger leur collection Dark Fantasy.

Tout cela, non pas pour afficher aux yeux de tous mon palmarès littéraire (humilité, tout ça…), mais surtout parce qu’à force de travail, l’écriture est passée d’un hobby à quelque chose de beaucoup plus sérieux.

Je vous dirai où je veux en venir après un court flashback.

Gamin, je voulais devenir écrivain. A l’époque j’étais un inconditionnel de Jack London et mon rêve c’était d’écrire dans une cabane au milieu du Grand Nord, bercé par les cris des loups.

Puis j’ai grandi et le monde, que ce soit mes parents ou mes professeurs, m’a dit que écrivain c’était pas un métier. Très peu en vivent, c’est seulement les meilleurs. C’est pas reconnu par la société. Être édité ? impossible, seuls 5% le sont. Les écrivains sont des glandeurs. Ça ne marchera jamais. Prends un métier sérieux avec des débouchés sérieux. Mets ta putain de cravate et fais toi passer pour un putain d’employé dans une putain de boite du putain de secteur privé où tu auras un putain de salaire. Pardonnez la vulgarité, mais globalement, c’est ça le message des années.

Et j’y ai cru. On ne vit pas de ses romans, ça ne paye pas, ce n’est pas un métier. Se faire éditer relève de l’utopique, alors…

Mes convictions ont commencé à s’étioler cependant lorsque mon manuscrit a été accepté par un éditeur. Là je me suis dit : ah ben si en fait, c’est possible. C’est pas Flammarion, mais l’impensable est devenu réel.

Il n’y avait donc qu’un pas pour que tout le reste de l’impensable disparaisse, aspiré par la réalisation que rien de tout cela n’était impossible. Du moins pas si on essaye.

Fin du flashback.

 
Il m’est venu une autre réalisation, récemment. C’est que je ne suis pas aussi bon que Clive Barker, un de mes auteurs préférés. Une des raisons (mais pas la seule), c’est que ce monsieur triche. Ben oui, il écrit à temps plein alors que moi je me démène pour écrire un bouquin en une semaine de congés, le seul moment où j’ai le temps. J’écris en ce moment deux heures par jour environ, ce qui est très bien, mais dans une autre catégorie.

Hors écrire beaucoup, c’est déjà produire plus (plus y a de livres à vendre, plus y a de chances que les rentrées d’argent deviennent potables) et c’est produire mieux. A chaque texte, à chaque chapitre ma plume est un peu plus sûre. Je vais un peu plus vite. Les images sont un peu plus belles. En général en tout cas.

En fait, pour devenir écrivain, il faut devenir écrivain. Point. Deux heures par jour ? Ce n’est pas assez pour devenir plus qu’un hobby. C’est un minimum syndical que m’accorde ma petite vie de petit capitaliste. Petite vie qui ne me satisfait pas sur le plan professionnel (précision importante, car ma vie personnelle et sociale me convient tout à fait).

J’ai donc décidé, avec le soutien fabuleux de ma moitié, de m’accorder une année complète pour faire de ma passion mon activité principale. A partir de septembre, fini le métro boulot dodo, ce sera écriture.

Beaucoup de défis donc. J’aurai exactement un an pour écrire le maximum de livres de qualité et lancer un cercle vertueux qui me permettra d’avoir des revenus suffisant pour vivoter, puis voir pour vivre. Les projets se bousculent déjà dans ma tête, que ce soit dans le roman, Wattpad ou même l’écriture de livres interactifs.

Un an c’est peu, mais en même temps c’est le laps de temps idéal. Cela me met la pression parce que je devrai faire beaucoup en peu de temps et il me faudra réussir ou échouer en seulement quelques mois. C’est un défi intéressant (et puis, je ne peux pas survivre plus longtemps sans job alimentaire…) et motivant. Je ne dois pas faire 1 roman parfait par an. Non, je dois en faire 5, au moins autant de nouvelles et peut-être 1 ou 2 jeux vidéo si je m’en sors avec les scripts (et les licences...). Sans compter les salons, le travail éditorial chez Lune Ecarlate, les corrections et les projets qui me tomberont sur le nez. Et pourquoi pas de la traduction ? Morbleu...

Ce ne sera définitivement pas une année sabbatique, mais pour une fois dans ma vie, j’ai vraiment hâte de commencer mon prochain travail.