Cette semaine est sorti The Witcher 3, un jeu vidéo tiré de l’une des œuvres majeures de la littérature fantastique polonaise dont je vais vous parler aujourd’hui.
(ci-dessus le trailer du dernier jeu)
Si je dis Andrzej Sapkowski, il y a de fortes chances que le nom ne vous dise rien, mais cet écrivain a en Pologne la stature d’un Tolkien. A la base des nouvelles, son œuvre, la saga du sorceleur (witcher en anglais), a été décliné aussi bien en comics qu’en série TV, avant d’être reprise en 2007 dans une série de jeux vidéo de grande qualité qui ont eu un succès retentissant dans le monde.
Mais de quoi s’agit-il exactement ?
Sapkowski a créé un univers de fantasy sombre, sale, imaginaire mais ancré dans le réel où il n’y a ni héros ni vilains, ni bien ni mal, mais uniquement des nuances de gris. Oui il y a des elfes et des nains : les premiers sont des terroristes souffrant d’un racisme consumé tandis que les seconds sont le plus souvent des mercenaires et des brigands dont le peuple n’a plus rien de grand. Le monde, dépeint avec un cynisme marqué, fait la part belle aux légendes européennes de l’est, ce qui change de ce que nous avons l’habitude de lire/voir.
Le héros, Geralt de Riv, est un sorceleur, une sorte de secte de chasseurs de monstres dont les membres sont exposés à des mutagènes qui leur accordent certes des capacités surhumaines, mais surtout la méfiance et le rejet des bonnes gens allant jusqu’à la stigmatisation. C’est joyeux.
Les premiers livres sont des recueils de nouvelles, dans lesquelles Geralt chasse des monstres, monstres qui parfois sont plus honnêtes que les pauvres villageois qu’ils terrorisent. On y rencontre des personnages de contes de fées remis au goût du jour, tels la petite sirène ou la belle et la bête, mais dans des versions qui ont un dark twist.
Dans les romans, au nombre de cinq, Geralt, profondément apolitique, se retrouve entraîné dans des conflits qui ne l’intéressent pas, qui ne le regardent pas, mais qui ont une influence sur ceux auxquels il tient (cynique mais pas sans cœur le Geralt). Il vaut mieux malgré tout lire les nouvelles avant.
L’écriture (en tout cas la traduction) est simple à lire, l’humour (noir) est omniprésent et on passe un bon moment. Les personnages secondaires sont travaillés et plaisants, dotés de beaucoup de défauts, si bien qu’on s’attache facilement à eux. Des thèmes comme le racisme, la violence ou le fanatisme sont traités en finesse et sans manichéisme.
Petite note sur les jeux vidéo également, car c’est en grande partie grâce à eux que l’on a eu accès aux livres hors de Pologne : les deux premiers opus reprennent à merveille l’ambiance sombre et sale des bouquins et s’ils proposent de beaux environnements et des combats en nombre, ils donnent surtout énormément de choix au joueur. Faut-il tuer les vampires parce que être vampire, c’est mal, ou au contraire s’en prendre aux chasseurs de vampires qui sont des fous furieux ? Un choix difficile, sans bonne ou mauvaise réponse. Et il n’y a que ce genre de choix dans les jeux.
A moins d’être averse à la dark fantasy, ce que je conçois, l’univers de Sakpkowski est à découvrir absolument.
Pour aller plus loin:
Tous les livres sont disponibles chez Bragelonne.
Pour les jeux video, The Witcher est disponible sur PC, The Witcher 2 sur PC et Xbox360 et The Witcher 3 vient de sortir sur PC, Xbox One et PS4.
Dorian Lake
3 commentaires:
Jolie chronique qui donne envie de se plonger dans l'univers de Sapkowski !
Très intéressant. Ça me donne de nouvelles pistes de lectures. Merci Dorian.
Ravi de vous avoir fait découvrir cette saga! N'hésitez pas à faire un retour quand/si vous vous plongez dans cet univers!
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