Cela fait un moment que je réfléchis à écrire ce bilan et je sais qu’il va être long, car 2018 aura été pour moi une année d’une incroyable richesse, ainsi qu’une croisée des chemins.
Comme vous le savez, 2018 est l’année de naissance de Noir d’Absinthe, ma maison d’édition qui a pris vie le 7 février, événement qui a rythmé ma vie et l’a aussi changé drastiquement.
Avant cela, toute une équipe s’était déjà formée, dès la fin 2017, pour m’accompagner. Tiphs, notamment, qui a travaillé sur les visuels du site web et qui a permis de retranscrire à l’écran les ambiances, les atmosphères que j’avais à l’esprit, l’une des toutes premières artisans de la maison d’édition. Anne aussi, notre correctrice, qui commençait déjà dans l’ombre à corriger mes propres textes, qui devaient inaugurer le catalogue. Il y a eu le comité de lecture aussi, qui s’est très vite formé, et dans lequel des amitiés sont rapidement nées.
Merci Tiphs d'avoir donné vie à Absinthia |
Puis, il y a eu les premiers auteurs qui ont pris le risque assez fou de suivre une maison d’édition sans catalogue, sans références, née de rien et qui se lançait tout juste. Je pense à Sarah et Pierre, qui m’ont fait confiance et m’ont confié leurs enfants, sans garantie ou presque. Ce n’est pas évident de céder un manuscrit, surtout à un inconnu. Cela demande de la discussion, des échanges, de l’intuition aussi, et je ne les remercierai jamais assez d’avoir choisi Noir d’Absinthe. Maude et AF Lune n’ont pas tardé non plus à me faire confiance (leurs livres sortent en février d’ailleurs).
Mars est arrivé et j’ai pu sortir un premier de mes romans, avant d’enchaîner sur d’autres, que j’avais préparés en amont de la création d’entreprise et qui m’ont permis d’avoir un catalogue rapidement, même si au début il s’agissait surtout de mes textes. Il le fallait, car en salon, la quantité a son importance et n’avoir que quelques ouvrages est un handicap.
Les débuts ont été difficiles, comme toute entreprise je pense. Nous avons eu un premier salon, plutôt orienté cinéma d’horreur, dans l’est français, qui a été une catastrophe en termes de ventes, mais où j’ai sympathisé avec Cécile, qui nous a rejoint plus tard. C’était peut-être là le signe de ce qui allait suivre : humainement c’était une belle expérience.
Il a fallu ramer, communiquer énormément, tout en travaillant les textes à venir. C’était une période assez floue et dure moralement, mais déjà j’avais un soutien, de la part de celles et ceux qui croyaient dans le projet. Qui quelque part, y croyaient plus que moi, même.
Le livre de Pierre est sorti, et nous sommes partis au cœur de l’été dans un salon où il faisait extrêmement chaud, en pleine coupe du monde de foot, et malgré ces conditions très difficiles, le salon a fonctionné. C’était le début, car depuis, tous les salons ont été rentables pour nous, qu’ils soient à Paris, dans des petites villes, ou en Belgique.
L’automne est arrivé, et là tout s’est accéléré. Cette magnifique équipe que nous avions formée est devenue une vraie famille, et l’entreprise que j’avais créée s’est transmutée et m’a complètement dépassé. Les salons ont été des moments incroyables d’échanges, de discussions, de rencontres, où des amitiés très fortes se sont nouées. Difficile d’imaginer parfois que nous nous réunissons pour vendre des livres, et non juste pour se retrouver autour de nos passions communes.
La petite famille au Salon Fantastique (famille qui s'est bien agrandie depuis) |
Le public a répondu présent quant à lui et nos livres rencontrent un succès critique qui fait chaud au cœur. La maison a pris des risques sur les choix des ouvrages – j’ai toujours fonctionné au coup de cœur, l’aspect commercial bien derrière – et cela ne nous a pas desservis, bien au contraire. La maison est encore loin d’être rentable ; comme toute entreprise, cela prendra des années, mais en moins d’un an nous avons acquis une bonne réputation, uniquement due à nos auteurs, à la qualité de leurs écrits, mais aussi à leur bienveillance, leur ouverture d’esprit et leur amour de la littérature.
Voilà pour la maison, nous engageons 2019 sous de bons auspices, avec des textes audacieux, des projets qui surprendront nombre d’entre vous et qui dépassent complètement le cadre d’une maison d’édition. Nous sommes dans l’expérimentation, dans la passion et les choix du cœur. 2019 sera une année charnière et nous verrons si nos idées portent leurs fruits. Dans tous les cas, ce sera fou.
Ma vie littéraire, et personnelle, à la fin 2018. |
D’un point de vue plus personnel, j’ai publié un certain nombre de romans cette année, que j’avais écrits en avance pour construire le catalogue. Ils commencent à avoir leur petit succès, la preuve que proposer plusieurs titres est très important dans une carrière d’écrivain, où on ne peut jamais se reposer sur son premier texte. J’ai très peu écrit en revanche, pris par le temps, et les prochaines sorties risquent d’avoir un peu de retard.
D’autant que ma vie artistique a été complètement bouleversée il y a peu. C’était il y a moins de trois mois, aux Halliennales, que j’ai rencontré Louise, l’autrice de Vert-de-Lierre, un livre qui a changé ma perception de la littérature en tant qu’écrivain. Rien que ça. Il m’a fait remettre en question mes propres textes, ce qui leur manquait pour vraiment s’élever et devenir des romans marquants.
C’était un passage assez dur, où j’ai pu échanger, avec Louise (qui a accepté que nous éditions son roman, initialement en autoédition), mais aussi Maude, et creuser en moi. J’ai fait beaucoup d’introspection et réalisé qu’il fallait que j’aille plus loin dans mes écrits, qui sont je pense très corrects, techniquement aboutis, mais qui ne brûlent pas assez de passion et d’émotion, ce qui correspond tout de même au cœur de l’art.
C’est ce qui m’a poussé à reprendre et à finir Dremence, un roman dont les corrections m’attendaient depuis un moment et sur lequel j’ai pas mal ramé (il est d’ailleurs parti chez des éditeurs), mais aussi et surtout de me lancer dans deux projets à quatre mains.
Un premier avec Sarah, une autrice qui a su aller très loin dans Sorcière de Chair et avec qui j’ai pris beaucoup de plaisir à travailler sur les corrections éditoriales. Il y a une belle synergie entre elle et moi, qui dépasse le cadre autrice-éditeur, et elle a accepté de co-écrire un thriller. Nous avons commencé les réflexions préliminaires, avons un cadre, et approfondirons tout cela lorsqu’elle aura fini son roman actuel.
J’ai aussi commencé à travailler avec Louise sur un roman très différent, épistolaire et gothique, qui me prend aux tripes et a créé chez moi une urgence d’écrire que je ne me connaissais pas. Nous en sommes aussi aux réflexions préliminaires, mais comptons nous y mettre sérieusement bientôt. C’était assez intimidant de prime abord, car Louise est une écrivain qui m’a beaucoup marqué et que j’estime énormément ; son roman Vert-de-Lierre est devenu mon roman préféré, m’a chamboulé sur de nombreux plans, notamment personnels, et travailler avec une artiste de cet acabit fait peur. En même temps, c’est aussi un formidable moteur, car je sais que je dois me montrer à la hauteur et donner tout ce que j’ai, me dépasser, pour ne pas lui faire perdre son temps. À ce titre, je sens déjà que ma plume s’est envolée et que les textes préparatoires que j’ai commencé à rédiger sont à mille lieux de ce que j’ai pu faire. Cette histoire littéraire que nous entretenons est magnifique, dans la lignée des grandes rencontres des auteurs du XIXème siècle, et je sens que quoiqu’il advienne, j’en ressortirai grandi et plus épanoui, dans mon art et dans ma vie. Quand je disais que son livre avait changé ma vie…
Tout cela fait que j’ai un peu ralenti sur mes projets précédents et que je risque d’avoir un peu (beaucoup…) de retard avec les suites d’Isulka et de Hex in the City, mais je vous assure, c’est pour le mieux, car les projets qui sont en train de prendre forme leurs seront en tous points supérieurs.
2019 se lance donc sur des projets personnels d’une belle envergure, et Noir d’Absinthe proposera des romans très forts, toujours aussi insolites, et nous serons présents dans de très nombreux salons.