Lorsque je me suis lancé dans la quête d’un éditeur, et plus
globalement dans le petit monde de la littérature, j’ai eu beaucoup de mal à
trouver des informations. Au début, Google était mon ami, mais hélas il ne
fonctionne que par mots-clefs, et par algorithme, si bien que l’information qu’il
vous donne n’est pas toujours la plus fiable, ni la plus utile. C’est juste la
mieux référencée.
Identifier les acteurs de l’édition, les contacts à
privilégier, ceux à éviter, comprendre le contrat d’édition, ou encore le
statut de l’écrivain et ses droits ne relève pas de la sinécure. Pour moi, tout
s’est finalement fait au réseau, à coups d’articles partagés, à fréquenter des
forums d’écriture et globalement à communiquer sur Facebook. Bref, à force de grappiller des informations à droite à gauche, j’ai pu comprendre à peu près
comment le marché du livre, et de l’imaginaire, fonctionne en France, mais d’une
façon bien incomplète, et parfois faussée.
J’ai l’impression que beaucoup d’auteurs se retrouvent dans
ce cas-là, et se renseigner sur le métier et les acteurs n’est pas facile. C’est
d’ailleurs grâce à cette opacité, cette complexité, que l’on retrouve nombre de
charognards qui cherchent à plumer les malheureux qu’ils arriveront à séduire
(je suis toujours effaré de voir le nombre de personnes qui ne savent pas ce qu’est
un « éditeur » à compte d’auteur).
Voyons donc qui peut vraiment vous informer, que vous
découvriez cet univers ou que vous l’arpentiez depuis longtemps.
La Société des Gens De Lettres - SGDL
La SGDL est, pour faire très simple, le syndicat des
auteurs. Ils sont là pour informer les auteurs sur leurs droits, les
accompagner juridiquement, les former et surtout négocier avec les autres
acteurs du livre, comme le syndicat des éditeurs (SNE) ou les législateurs.
Vous pouvez adhérer pour une 50aine d’euros par an, pour
profiter de certains services. Je vais tenter de résumer ce qu’ils vous
proposent, dans le cadre de l’adhésion, mais aussi gratuitement.
La Formation :
Pendant deux jours, j’ai pu profiter d’une formation
proposée à titre gracieux à tout adhérent de la SGDL ou membre de la SOFIA (j’y
reviendrai). Cette formation est vitale. Dans le métier d’auteur, l’information
n’est pas donnée, je l’ai déjà dit. Il faut aller la chercher. Ainsi, lorsque l’on
publie avec un éditeur, c’est souvent sans connaître le métier, les droits, les
contrats. Vous avez peu de métiers avec aussi peu de formation. Même pour un
job saisonnier, on vous explique comment ça marche dans la société.
Mais l’auteur n’a pas cette chance. Enfin si : il a la
SGDL, et ça peut changer beaucoup de choses pour lui. Voici ce que nous avons
couvert en deux jours, en sachant qu’une seconde formation complétera tout cela
dans quelques mois :
- Le statut social de l’écrivain, comment fonctionne l’AGESSA
(sécurité sociale des auteurs), comment se déclarent les droits d’auteur, quelles
cotisations sont prélevées sur ces DA, comment fonctionne la retraite, et la
retraite complémentaire, ou encore quels sont les possibilités de formation
professionnelle.
- Que couvrent les droits d’auteurs ? Comment dénoncer
un contrat ? Que faire en cas de faillite d’un éditeur ? Comment ça
se passe avec des interlocuteurs dans le poche, ou pour des traductions ?
- Plus pragmatique, comment se passe la relation auteur-éditeur ?
Comment ne pas se faire avoir quand l’affectif rentre en compte ? Qu’est-ce
qu’un à-valoir ? Quelles clauses refuser (oui, je pense au droit de
préférence…) ?
- Et enfin, quelles sont les problématiques des éditeurs ?
Comment sélectionnent-ils les manuscrits qu’ils publient ? Qu’est-ce qu’un
diffuseur-distributeur (spoiler alert : les chrétiens l’appelaient Satan) ?
Comment fonctionnent les libraires ? La promotion ? Qui paye quoi
pour un salon ?
Je le résume affreusement, et je n’irai pas beaucoup plus loin
dans l’analyse, car les interventions valent la peine que vous les viviez
vous-mêmes et rien ne saurait remplacer cela, mais vous pouvez néanmoins retrouver les détails dans ce guide de l'auteur, qui vous sera donné lors de la formation ou que vous pouvez télécharger gratuitement.
Un guide complet et très utile. |
Les intervenants sont ouverts, expliquent très bien et
abordent toutes les problématiques de l’auteur. On découvre aussi les embuches,
et les arnaques, qui peuvent facilement transformer la publication en
cauchemar.
Je tiens vraiment à remercier la SGDL, car cette approche
est bienveillante, et nous montre bien qu’il y a du soutien, ce qui, dans ce
métier pas facile tous les jours, compte pour beaucoup.
Et les auteurs habitant hors de Paris sont défrayés (voyage
et logement). Une personne venait d’Alger par exemple, invitée par la SGDL.
Attention, il faut tout de même à son actif au moins un ouvrage publié par un
éditeur traditionnel (condition pour être membre de la SGDL ou de la SOFIA).
Mais de toute façon, la formation prend tout son intérêt quand on a déjà mis le
pied dans l’engrenage.
Hôtel de Massa à Paris |
Le Contrat (et l'aide juridique) :
Le contrat d’édition est une terre dangereuse, pleine de
mystères et de pièges mortels pour qui s’y risque. Si vous en avez déjà reçu
un, vous savez de quoi je parle. Certaines clauses peuvent vous coûter très
cher, si vous n’y prenez pas garde.
Mais, sur le site de la SGDL, vous pouvez télécharger un contrat type commenté clause par clause, qui reprend les différents points
auxquels vous devez faire attention. Il y a aussi un contrat classique, pour
comparer. Pas besoin d’être adhérent.
En cas de doute, vous pouvez également contacter les
juristes de la SGDL qui vous aideront à y voir clair, et travailleront avec
vous dans votre négociation avec l’éditeur. Comme dans pas mal de contrats d’édition,
vous vous engagez jusqu’à la fin de votre vie (+70 ans), autant que celui-ci
soit carré.
Les Chiffres :
La SGDL dispose aussi d’un
abonnement à l’institut de sondage GFK, qui vous permet d’aller sur place pour
consulter les estimations de ventes de vos livres. Pourquoi faire ? L’institut
est indépendant de votre maison d’édition, et vous permet donc d’obtenir des
chiffres fiables, pour pouvoir comparer sereinement avec ceux qu’avancent votre
éditeur (et qui ne dépendent que de sa bonne foi…)
Si vous ne pouvez pas vous rendre sur Paris, vous pouvez
mandater quelqu’un, ou appeler la SGDL en direct. Il faut être adhérent cela dit, mais
à priori l’abonnement GFK coûte (très) cher.
Les aide sociales :
En cas de problème avec l'AGESSA, ou de difficulté à remplir votre déclaration d'imposition, ou si vous avez des problèmes d'ordre personnel et avez besoin d'aide, vous pouvez également contacter la SGDL. Ils ne feront pas de miracles, mais vous renseigneront sur les actions possibles et vous aideront avec l'administratif, qui peut se montrer très vite compliqué. Il n'est pas nécessaire d'être adhérent.
Le dépôt de manuscrits :
Voilà, je pense que j'oublie plein de détails, mais vous trouverez toutes les informations sur leur site, ou via les formations proposées (que je conseille, une fois encore).
La SOFIA
La SOFIA, dépendante de la SGDL, est un organisme de gestion
collective. En gros, elle collecte des sous pour vous lorsqu’une bibliothèque
achète votre livre (ce qu’on appelle le droit de prêt). Elle s’occupe aussi de récupérer
les taxes de copie privée (vous savez, elle est prélevée sur les achats de
clefs usb, de cd vierges, de disques durs, etc…). En gros, elle est là pour
vous donner de l’argent.
Pour adhérer, il faut payer une 30aine d'euros, MAIS, ceux-ci peuvent être
anticipés sur l’argent qu’ils vous reverseront. Autrement dit, vous n’avez rien
à débourser immédiatement, et ils prélèvent une partie de ce que vous n’auriez pas
touché sans eux.
Il faut juste avoir déjà un livre publié à son actif.
C’est par ce biais que j’ai été invité à la formation de la
SGDL. La SOFIA propose aussi à ses adhérents des places gratuites pour certains
événements, comme Livre Paris.
Si vous êtes auteur, allez voir leur site, vous ne pouvez
pas le regretter.
Voilà, pour ce bref retour d’expérience.
Cette formation dont je vous ai bien parlé m’a vraiment beaucoup
apporté, et je vous conseille vraiment de faire le nécessaire pour y participer
à votre tour. En tout cas sachez que vous n’êtes pas seuls, mais s’il est
parfois compliqué de s’en rendre compte, derrière votre écran.
NB : Si vous êtes autoédités, et n’avez pas de livre
publié, malheureusement ces possibilités ne sont pas encore pour vous, pour la
simple raison que vous n’avez pas le statut d’auteur, mais d’éditeur, et donc
que les lois qui vous concernent sont différentes. En effet, tout s’articule
ici autour du contrat d’édition et des droits d’auteur, que vous ne touchez pas
par ce mode d’édition.
2 commentaires:
Et hop dans les favoris ! Ça me servira quand je me lancerais sérieusement dans les envois de manuscrits, merci pour cet article ! :D
Je suis ravi si ça peut t'aider !
Enregistrer un commentaire